Elise Denjean et Olivier Samain édité par Guilhem Dedoyard, modifié àLe marché de la seconde main est en forte augmentation. De plus en plus de Français y souscrivent pour des raisons économiques et écologiques et les marques sont obligées de s'aligner. La plupart des grandes marques proposent ou s'apprêtent à lancer un tel service. Les formules sont nombreuses et le marché semble lucratif.
Porter un vêtement qui a déjà été porté, de plus en plus de Français sont prêts à le faire. En 2019, un Français sur trois avait acheté un produit d’occasion et la tendance s'est accentuée avec le coronavirus. Le marché de la seconde main explose et pèse désormais plus de sept milliards d’euros en France. Alors face à cette augmentation continue, toutes les grandes marques, notamment dans la mode, veulent rentrer sur ce secteur qui leur apparait comme lucratif.
Cette semaine, deux géants du web se sont lancés, La Redoute et Cdiscount. Mais c’est surtout dans la mode que l’envolée est impressionnante. Le marché représente à lui-seul un milliard d’euros et les marques s’y mettent toutes, les unes après les autres : Aigle, Kaporal, Promod, Kiabi, Jacadi, Bash, Zalando, etc. Preuve de ce succès, Vinted, le spécialiste en ligne de la seconde main. compte plus de 12 millions d’abonnés en France.
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Face à cette tendance, la grande distribution s’est elle aussi lancée. Auchan, par exemple, a installé des rayons seconde main multimarques dans 40 de ses hypermarchés. Le luxe a également suivi le mouvement puisque des marques comme Burberry et Gucci proposent aussi de la seconde main.
Plusieurs modèles existent : uniquement en ligne ou aussi en magasins, avec ou sans commissions, en payant le vendeur en cash ou en bon d'achat avec un petit bonus, etc. Chez Promod, c'est cette option qui est la plus choisie. Pour son président Julien Pollet, "ce sera forcément rentable car les clientes pourront vivre une expérience globale avec la marque : acheter les produits chez nous, mais aussi les revendre, continuer à se faire plaisir. C’est forcément une équation gagnant-gagnant".
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Bocage, la marque de chaussures du groupe Eram, a lancé son système de location de chaussures : une paire différente tous les deux mois avant un puis renvoi au magasin pour une remise en état. En plus d'être une solution économique, c'est aussi une solution écologique. Et la directrice de la marque, Clémence Cornet, l'a bien compris : "On leur propose cette nouvelle alternative de consommation qui permet de se faire plaisir avec la mode, mais de manière plus responsable puisque leurs chaussures connaîtront une seconde vie dans ce circuit de seconde main."
A l’échelle de la marque, le système est encore embryonnaire, mais l’objectif est d’en faire une vraie alternative à la vente de chaussures neuves. Dans son usine de Montjean-sur-Loire, près d'Angers, le groupe restaure les souliers avant de les revendre en seconde main. "Griffures sur le cuir, semelle abimée, première intérieure effacée", autant de marques d'utilisation que le patron du site, Jean-Olivier Michaux, peut corriger : débactérisation, remise en forme, remise à neuf de la semelle et du talon, couche de finition puis lustrage avant de "repartir chez Bocage qui va le vendre dans son réseau à moitié prix".
L'objectif de ces marques est ainsi de faire revenir les clients. St-James, qui va se lancer dans le service de seconde main, veut reprendre le contrôle sur son image et éviter que ses produits soient revendus ailleurs. Pour Bruno Vanhoven, directeur commercial de Disruptual, une entreprise qui édite des plateformes de seconde vie pour des marques, cela ne peut que fonctionner. "Ca va générer du trafic, recréer du lien. Vous allez pouvoir discuter avec vos clients, recruter de nouveaux clients. Grâce à l’occasion, ils vont entrer dans votre magasin et voir la qualité, le service et l’ensemble de la gamme de vos produits."