Le travail du cuir est une histoire de famille pour vous. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
Ma famille est dans le business du cuir exotique depuis quatre générations. C'est mon arrière grand-père qui a monté cette entreprise à Singapour, à l'époque coloniale. Et aujourd'hui encore, nous fournissons de grandes maisons comme Hermès ou Prada.
Quand avez-vous décidé de créer des sacs et des accessoires ?
J'étudiais à la Central Saint Martins à Londres, et un jour j'ai croisé une femme qui a flashé sur la housse turquoise en alligator de mon ordinateur portable. Elle m'a demandé où je l'avais achetée, et je lui ai répondu que je l'avais fabriquée. Elle m'a proposé de passer chez elle jeter un oeil à ses tenues, pour lui faire un clutch assorti. J'ai su après qu'elle faisait partie de la famille royale ! J'ai commencé à me faire de l'argent de poche avec d'autres commandes de riches clientes, qui avaient entendu parler de moi. Et un jour je me suis dis "pourquoi pas ?", et j'ai lancé la marque Ethan K.
Vous utilisez beaucoup le crocodile pour vos créations. Est-ce que c'est votre matière favorite ?
Le crocodile est comme le diamant, chaque animal est unique. C'est une matière très difficile et fragile à travailler, on ne sait jamais vraiment comment la peau va changer une fois transformée. Ce que je préfère, c'est le cuir du crocodile "Porosus" d'Australie, et de l'alligator de Louisiane.
Comment définiriez-vous votre style, vos créations ?
J'aime que mes accessoires soient avant tout fonctionnels. Beaux, mais surtout pratiques, pas trop fragiles. J'utilise une technique gardée secrète que m'a transmis mon père, qui rend la peau extrêmement légère. Le travail des couleurs est aussi une partie importante de mon travail, j'aime les couleurs vives. C'est d'ailleurs très complexe de bien colorer le crocodile. J'essaie aussi de rester dans un registre assez classique.
Vous donnez un nom à chacune de vos pièces. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
Je choisis des noms de lieux qui m'évoquent un souvenir, une époque, comme un voyage à travers le temps. Le clutch "Mayfair" par exemple, est inspiré du Connaught Hotel à Londres. Il y a aussi le sac "Grosvenor", inspiré des poignées de porte que l'on trouve à Grosvenor Square. Ou encore le clutch "Chenonceau", comme le château français du même nom.
Avez-vous des créateurs que vous appréciez particulièrement ?
J'aime beaucoup les grandes maisons de joaillerie comme Boucheron ou Van Cleef & Arpels. Mais j'adore aussi le travail d'Alber Elbaz chez Lanvin, ses robes seconde peau, qui rendent toutes les femmes belles.
Vous vivez entre Londres et Singapour, mais avez-vous des adresses préférées à Paris ?
J'adore aller chez l'Éclaireur, je trouve leur sélection de créateurs toujours intéressante. Sinon j'aime beaucoup le Royal Monceau comme hôtel, et le Petit Palais, où je suis allé voir l'exposition du peintre Jean-Louis Forain.
Quelle personnalité pourrait incarner votre marque ?
J'aime beaucoup Audrey Tautou que je viens de découvrir dans le film "Hors de Prix", je trouve sa personnalité très intéressante. Et bien sûr, Catherine Deneuve incarne le chic parisien classique que j'adore.
L'égérie Ethan K serait donc forcément française ?
Pourquoi pas ? Après tout, le luxe vient de France non ?
Quels sont vos projets ?
Je travaille sur une nouvelle collection qui sortira en novembre. Certaines pièces seront serties de pierres semi-précieuses...
Découvrez les accessoires Ethan K chez L'Éclaireur à Paris, et sur le site CoutureLab.com.
Propos recueillis par Mélody Kandyoti