Le militant a été interpellé par la police et a passé 36 heures en garde à vue. One Voice estime qu’elle avait le droit de pénétrer dans l’abattoir et y filmer.
C’est un abattoir que les grands noms de la maroquinerie française connaissent bien : Vuitton, Hermès, Chanel et LVMH s’y fournissent tous les quatre en peaux de veaux. Mais l’abattoir de Sobeval, en Dordogne (qui appartient à VanDrie Group), est aussi le théâtre d’une cruauté inouïe envers les animaux. C’est la face cachée de la maroquinerie française, celle que les géants du secteur auraient bien aimé taire. Mais, comme c’est souvent le cas ces dernières années, là aussi, il s’est trouvé un lanceur d’alerte.
Ayant entendu parler de cet abattoir, l’association One Voice a demandé à l’un de ses militants de s’y introduire et de filmer. « Les jeunes bovins arrivent en camion, serrés, parfois blessés ou malades. Ils doivent encore attendre l’ouverture de l’abattoir. Au petit matin, des hommes les font entrer sur la chaîne d’abattage, sous les coups s’il le faut, assénés par certains. […] Puis, c’est le manège infernal. Ils avancent par centaines dans une file labyrinthique qui n’a que la mort comme destination. Étourdis ou non selon le type d’abattage, pris de spasmes, pendus par une patte traversée d’un crochet, tête en bas, ils semblent reprendre conscience avant que leur gorge soit tranchée. Du sang jaillit et se répand dans les rigoles et partout autour. Leur peau leur est arrachée, puis leur corps coupé en morceaux méthodiquement », relate l’association sur son site Internet.
One Voice annonce d’ores et déjà son intention de porter plainte pour ces actes de cruauté envers les animaux, vidéos à l’appui. L’association vient aussi de lancer une pétition demandant la fermeture immédiate de cet abattoir. Selon One Voice, 500 à 600 bébés veaux âgés de quelques mois sont tués chaque jour dans cet abattoir. Et pour cause, la peau des veaux, bien plus fine et douce que celle de leurs aînés, est vendue bien plus cher.
Pour cette introduction dans l’abattoir, le militant de One Voice a cependant payé cher. Interpellé par les forces de l’ordre, il a passé 36 heures en garde à vue. One Voice estime cependant qu’il était dans son droit. « Que devons-nous faire quand les autorités ne font pas respecter les faibles textes de loi qui existent pour protéger les animaux ? Nous taire ? Laisser faire ? Pendant que ceux qui maltraitent les animaux peuvent continuer sans être inquiétés, notre enquêteur, lui, passe trente-six heures en garde à vue. Le jour où la loi sera respectée, où les cruautés seront sanctionnées, il n’y aura plus besoin des lanceurs d’alerte. Mais ce jour-là, nous en sommes encore bien loin… », a réagi Muriel Arnal, présidente de One Voice.
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