Comment avez-vous trouvé cet emplacement exceptionnel il y a 30 ans ?
A l’époque, j’avais arrêté de dessiner des souliers, je faisais du paysagisme. Je tenais absolument à acheter une lampe chez Eric Philippe, l’antiquaire de la Galerie Véro-Dodat. J’y retournais chaque semaine, et chaque semaine il me répétait qu’elle n’était pas à vendre. Un jour pour se débarrasser de moi il m’a demandé comment allait mes souliers. C’est lui alors qui m’a suggéré d’ouvrir ma propre boutique, au bout du passage Véro-Dodat, dans une galerie qui était libre. J’ai toujours adoré ce passage, où déjà mes promenades me conduisaient lorsque j’avais quatorze ans. J’y ai découvert les artistes Giger, James Mount, Royère, … Jamais je n’aurais créé de souliers sans avoir un écrin où les montrer. En découvrant cet espace je me suis dit que je ne pouvais pas ne pas le prendre (il était irrésistible !) et que si je le prenais, il faudrait bien mettre quelque chose à l’intérieur. C’est comme ça que je me suis remis au dessin et que j’ai conçu ma première collection : par hasard, parce que j’avais loué un lieu qui me plaisait.
N’était-ce pas risqué de s’installer dans un quartier à la marge des boutiques de luxe ?
J’aime l’idée que mes boutiques deviennent une destination en soi plutôt que d’être une boutique parmi tant d’autres dans le circuit du shopping de luxe. Plus qu’un emplacement, je choisis d’ouvrir mes boutiques au gré de mes promenades dans une ville, une rue qui me plait, une architecture, une atmosphère.