C’est à l’aide d’une petite loupe accrochée autour de son cou, d’une balance, mais aussi et surtout grâce à son expertise de commissaire-priseur, que Delphine Fremaux-Lejeune, connue pour sa participation à l’émission « Affaire conclue » présentée par Sophie Davant et suivie par 14 millions de téléspectateurs sur France 2, a accueilli à l’intérieur du Musée des Beaux-Arts, durant toute une journée, des habitants de Bernay (Eure) et alentour venus faire estimer leurs petits et gros trésors. Rencontre.
En quoi consiste le métier de commissaire-priseur ?
« Mon rôle premier consiste à qualifier un objet d’art, en faire une première estimation en regroupant toutes mes compétences et savoir-faire. Pour y parvenir, j’ai fait 11 ans d’études. J’ai une formation en droit des affaires, en histoire de l’art, en gemmologie [science relative à l’étude des pierres précieuses, N.D.L.R]. Ensuite, j’ai pu obtenir mon diplôme de commissaire-priseur. Mon expérience de l’objet, la fréquentation régulière de tous les nombreux musées européens, mon étude des sujets, me permettent aujourd’hui de pouvoir exercer pleinement mon métier.
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J’associe ces connaissances à une base de données qui m’aident ensuite à réaliser une estimation de chaque objet que l’on me soumet. Après l’avoir identifié, j’informe la personne me l’ayant amené du fait qu’il soit susceptible d’être mis en vente ou non. Si c’est le cas, je fixe un prix de réserve, c’est-à-dire un prix en dessous duquel l’objet ne pourra être vendu, ce qui garantit alors cette somme, quoiqu’il arrive. Puis je le place dans l’une de mes ventes, dans ma salle à Rouen. Je travaille également avec des experts spécialisés dans des domaines variés et qui vont m’aider à identifier et estimer plus précisément un objet. »
Comment en êtes-vous arrivée à faire « Affaire conclue » ?
« J’ai reçu un coup de fil de la production pour passer le casting. J’y suis allée et j’ai été prise (Rires). J’interviens depuis trois ans maintenant dans l’émission et participe au tournage chaque semaine Les gens m’identifient bien. Clairement, l’émission a changé ma vie. Elle permet de rendre accessible cette culture à tout le monde mais aussi d’avoir un lien très fort avec le public. »
Cela vous a-t-il apporté une nouvelle façon d’aborder votre métier ?
« J’ai d’abord pu découvrir le monde de la télévision, qui est un tout autre métier. Ce que j’apprécie tout particulièrement est de devoir fournir un véritable effort intellectuel et d’exprimer un avis détaillé, compréhensible et clair pour tous, concernant n’importe quel type d’objet. C’est enrichissant à la fois pour moi, mais aussi pour le public, qu’il soit averti ou non, cela permet de montrer ce qu’est le métier de commissaire-priseur. »
Pourquoi être venue à Bernay aujourd’hui ?
« J’ai décidé d’entamer un tour de Normandie afin de permettre à tout le monde de pouvoir venir faire expertiser ses trésors. Les gens n’ont pas forcément connaissance des maisons de vente ou ne peuvent tout simplement pas se déplacer. C’est l’occasion d’aller directement au contact des habitants. Nous sommes toujours extrêmement bien reçus très chaleureusement. Nous voulons avoir affaire à toute sorte de public, pas uniquement celui des grandes villes. Les gens nous réservent un accueil incroyable. »
A Bernay, la journée d’expertise a fait carton plein. Plusieurs dizaines de personnes se sont succédé devant la commissaire-priseur. De nombreux bijoux sertis d’or ou de diamant, des tableaux raffinés comme d’autres pouvant être sans valeur, des services de vaisselle et même une bouteille d’un Cognac 1898. Si certains sont rentrés bredouilles, d’autres en revanche ont déjà pris rendez-vous en décembre pour la « vente prestige » de la maison de Rouen, où leurs objets seront mis aux enchères. Avec des prix compris entre 200 et 3000 € pour cette journée, tout n’est pas seulement une question d’argent. « Nous pouvons réserver certains objets pour différentes ventes, selon la qualité et son attrait. Ce n’est pas forcément une question de somme, mais plutôt de marché », conclut Delphine Fremaux-Lejeune.
Aujourd’hui, quels objets se vendent le mieux ? Certains vous ont-ils marquée ?
« Nous organisons 35 ventes par an à Rouen. Les bijoux et le vin sont très prisés. Nous avons énormément d’acheteurs étrangers. J’ai par exemple beaucoup de clientes japonaises qui viennent acheter des bijoux. Nous communiquons ensuite nos ventes dans la Gazette Drouot [un hebdomadaire recensant toutes les ventes enchères, N.D.L.R]. Évidemment, ce métier nous permet de voir des choses merveilleuses. Nous avons déjà vendu des objets extraordinaires. Des Rodin, des tapis de l’époque de Louis XIV qui ont pu atteindre les 100 000 euros ou encore des coupes de René Lalique. On ne s’en lasse jamais. »
Propos recueillis par Juliette Boffy
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